Projet HE2AT : les vagues de chaleur au centre d’une table ronde
L’atelier de l’an 3 du projet The Heat and Health African Transdisciplinary Center (HE2AT) co-organisé à Abidjan-Plateau du 3 au 5 juillet 2024 par l’Université Peleforo Gon Coulibaly (UPGC) de Korhogo et le Centre suisse de recherche scientifique (CSRS) en Côte d’Ivoire a pris fin le vendredi 5 juillet 2024 autour d’une table ronde. Cette table ronde a eu pour thème « Vagues de chaleur en Côte d’Ivoire : causes, évidences scientifiques et stratégies de lutte. »
5 panelistes venues de la SODEXAM, du CSRS en Côte d’Ivoire, de l’Université de Witwatersrand en Afrique du Sud, de l’UPGC de Korhogo, de l’OMS Afrique et du Ministère ivoirien de la Santé ce sont prononcés sur ledit thème. Pour Dr Coulibaly Alama, chef de service climatologie de la SODEXAM, le phénomène de vague de chaleur est un phénomène météorologie provoqué généralement par des masses d’air piégées au niveau de l’atmosphère et chauffées par les rayons solaires et l’énergie émise par la terre sous forme d’infrarouge.
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Et selon lui, cela existe bel et bien en Côte d’Ivoire est provoqué par l’action humaine et naturelle (el niño). Se référant à partir de l’année 1961 jusqu’à 2023, il a fait savoir que la Côte d’Ivoire a connu une augmentation de température. Celle-ci a eu lieu en 2023 avec + 0,8°C comparativement à 2022. Pour le représentant de la SODEXAM, il faut s’inquiéter. Et le District d’Abidjan n’est pas en reste. Parce que la capitale économique ivoirienne connait une variation de température de Port-Bouët à Yopougon et Abobo.
Il a signifié que la température reste élevée à partir de la commune balnéaire de Port-Bouët et baisse au fur et à mesure que l’on descend vers Yopougon et Abobo proches de la forêt du Banco. Aussi pour Dr Alama, les vagues de chaleurs connaissent un pique au niveau des pays sahéliens et tuent plus dans le monde actuellement. Dans son intervention, Dr Brama Koné, au nom de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) Afrique a indiqué ce que fait son institution en matière du phénomène de changement climatique et santé.
Il a, d’abord, énuméré les maladies liées à la chaleur et à l’air que sont la méningite, les maladies cardio-vasculaires et cérébraux-vasculaires, les bronchites aigues, les bronchiolites, les pneumonies, l’asthme. Ensuite, dans le cadre de la lutte contre ce phénomène de vague de chaleur liée au changement climatique, Dr Brama a indiqué que l’OMS contribue à la formation des agents de santé à plusieurs niveaux afin que ces derniers soient plus alertes.
« Vous voyez sur le système surveillance climatique et d’alerte précoce, l’OMS en collaboration avec l’Organisation météorologique mondiale aide les pays à mettre en place les systèmes d’alerte précoce. Et à partir de ces systèmes d’alerte précoce, on peut anticiper les années où il y aura les phénomènes el niño de telle sorte que les Etats anticipent et commencent à préparer la réponse du système de santé », a-t-il expliqué.
Il a aussi fait cas de l’appui au niveau des technologies pour avoir de l’énergie durable, la mobilisation des ressources avec les fonds verts etc. Dr Koffi, paneliste, sous-directeur au Ministère de la Santé, expert santé climat, au nom dudit ministère, a indiqué qu’au niveau de ce secteur, il n’y a pas assez de financements. Parce que la santé n’était pas prioritaire. Cependant, il a fait savoir que d’ici un à deux ans, son ministère sera prêt pour engager la riposte et proposer des solutions durables.
Prof Adja Vanga Ferdinand, représentant la présidente de l’UPGC de Korhogo, professeure Coulibaly Sougo Aoua a dans son mot de clôture salué tous les participants. Il a également mis l’accent sur le fait que la Côte d’Ivoire ne dispose pas pour le moment de données fiables pour trouver des solutions au phénomène de vagues de chaleur en Côte d’Ivoire.
Et selon Prof Adja Ferdinand, membre de ce projet, l’UPGC qui est la seule université francophone intervenant dans ce projet piloté par un consortium d’universités dont la majorité est anglophone fait en sorte que la Côte d’Ivoire dispose des bases données sur la question des vagues de chaleur et aussi à travers ce projet d’attirer l’attention des dirigeants sur la question des vagues de chaleur et de leurs impacts sur la santé.
Et pour lui, les vagues de chaleur sont en lien avec les types d’habitat, les activités humaines et un certain nombre d’éléments. « Comment agir sur ces différents facteurs pour atténuer l’impact de ces vagues de chaleur sur la santé ? C’est un peu la recherche aujourd’hui. Pour mener des actions de développement et pour que les résultats soient durables, il faut que la recherche aussi s’implique. Mais la recherche ne peut pas aussi s’impliquer si nous n’avons pas de bases données disponibles et fiables », a-t-il indiqué.
Parlant du bilan de cet atelier, Prof Vanga a fait savoir qu’aujourd’hui, ils vont vers une nouvelle façon de faire la recherche. « Ce n’est plus la démarche classique où on va vers les populations, dans les villages, dans les villes, on pose des questions aux gens. Vous voyez, les anglo-saxons sont à une autre étape. Ils appellent ça, l’étape de la Data science », a-t-il dit.
« Aujourd’hui, pour mener des politiques, pour pouvoir adresser des réponses adéquates, on dispose de grosses bases de données. Et c’est avec ces bases de données que nous pouvons dégager des tendances ». Et selon lui, à l’an 4 de ce projet, ils seront à mesure de pouvoir parler de bases de données avec tout le travail qui est en train d’être fait.
En somme pour sa part, Prof Cissé Guéladio, principal investigateur de ce projet au niveau de la Côte d’Ivoire a dit être extrêmement satisfait par le déroulé de cet atelier et de la tenue de la table ronde. « Les perspectives, c’est d’aider les étudiants à produire, à arriver à publier sur les travaux qu’ils font. Les soutenir pour aller à des forums internationaux », a-t-il déclaré.
Selon lui, il y a certains forums internationaux qui se profilent à l’horizon que ce soit prochainement au Zimbabwe, à l’Ile Maurice. « On a pleines de perspectives de ce côté de l’Afrique francophone d’aller présenter les résultats aussi », a expliqué Prof Guéladio. Parlant d’autres perspectives, il a affirmé que les postdocs suivent un certain nombre de sujets dont le chevauchement entre la position de l’air et les températures, la désagrégation des impacts au niveau d’une ville, l’hétérogénéité de la ville, les aspects médias sociaux, la perception, le ressenti des gens.
«…On va mener ces études plus loin jusqu’à une étape de production, de diffusion et d’audition en publication scientifique », a-t-il rassuré. Il faut noter que le thème de cet atelier de l’an 3 du projet HE2AT mené par un consortium africain d’universités est « Développer des solutions utilisant la science des données pour atténuer les impacts sanitaires du changement climatique en Afrique. »
Benoît Kadjo