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Avec Abou Nidal ou Wara Boss (Commissaire général du Wara Tour) : « Avec le Wara Tour, nous avons construit des écoles… »

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Doumbia Aboubacar, plus connu sous le nom de « Abou Nidal de Genève », baptisé désormais ‘‘Waraboss’’,est artiste-chanteur et producteur, l’un des précurseurs du Coupé décalé en Côte d’Ivoire. Il est depuis 7 ans le Commissaire général du concept Wara Tour qui est une caravane sillonnant la Côte d’Ivoire pour sensibiliser les parents d’élèves, les enseignants, les populations et surtout les élèves à une éducation de qualité en milieu scolaire et surtout à un meilleur comportement des élèves pour leur réussite. Dans cette interview, il explique, en long et en large, les raisons qui l’ont motivé à créer le Wara Tour, ce qu’il a fait. Surtout, il lève un coin du voile sur la cérémonie de l’apothéose de la 7ème édition du Wara Tour 2023, dénommé « La nuit de l’excellence et du mérite », qui aura lieu au Sofitel Hôtel Ivoire d’Abidjan dans la commune de Cocody, ainsi que son appel à soutenir cette initiative qui prône l’excellence pour l’avenir des futurs cadres de la nouvelle Côte d’Ivoire… 

 Vous faites partie de ceux qui ont propulsé ‘‘Le coupé décalé’’ en Côte d’Ivoire. Qu’est-ce qui vous a motivé à créer le Wara Tour qui parle d’Education ?

Il faut d’abord dire qu’étant de cette première génération de ‘‘Coupé décalé’’, nous sommes venus en 2002, nous avons mis en place ce projet musical où toute jeunesse africaine, en général, et ivoirienne, en particulier, s’est appropriée. Alors, quelques années après, nous avons décidé d’apporter de la valeur ajoutée. Nous donc mis le projet Wara Tour en place. Et c’est à sortir d’une chanson qui est la danse du lion, ‘‘Le Waraba danse’’.

Abou Nidal

Le lion est leader, il est chef de sa tribu, le lion est roi. Donc, on demande, à travers ce concept, aux jeunes de réveiller le champion en eux. C’est dans tous les domaines à la base. Ils sont appelés à réveiller le leadership qui est caché en eux. Donc, on a commencé par la base qui est l’école, qui est l’éducation. Donc, on a mis en place de projet qui va permettre aux enfants de se démarquer, de se surpasser. En les encourageant à aimer davantage l’école. Et les plus méritants sont primés. Donc, cette initiative du Wara Tour part d’une chanson.

Quel bilan, faites-vous du Wara Tour par rapport à vos objectifs ?

Le bilan est plus que positif. Parce qu’il faut dire que ce que nous avons pu réaliser en 7 ans, ce n’était pas évident. Parce que quand vous venez d’une corporation comme ‘‘Le coupé décalé’’ qui décide aujourd’hui d’aller parler aux jeunes à l’école, tout en sachant que les gens ont une image, un cliché sur notre mouvement, même si beaucoup de gens n’ont pas compris l’idéologie, le B A, BA qui était de faire danser, de mettre la joie, après, il y a eu pas mal de ratés, comme dans tout mouvement, alors je dis que le bilan il est positif. Parce que le Wara Tour sensibilise aujourd’hui contre les maux qui minent l’école.

Les grossesses précoces, la consommation de drogue, le tabagisme, les congés anticipés et tout ce qui empêche les enfants d’aller à l’école. Nous essayons d’assainir le milieu. Vous conviendrez avec moi que l’année dernière, il n’y a pas eu départ en « congés anticipés. » Parce que nous avons pris notre bâton de pèlerin pour sillonner les communes d’Abidjan. Nous avons fait une campagne nationale. Et nos petits frères nous ont écoutés. Ils n’ont pas fait de « congés anticipés ». C’est aussi grâce au Wara Tour. Et le Wara Tour a aussi permis d’accompagner le Ministère de la Santé pour la vaccination contre la COVID. Ça été un grand succès.

La Côte d’Ivoire est positionnée aujourd’hui comme l’un des pays phares où la population est vraiment vaccinée. Et le Wara Tour a contribué à cette communication, à cette compagne de sensibilisation. Le Wara Tour, c’est aussi une école finie au niveau de Kouassiblékro à Bouaké avec l’Ong l’Ecole des enfants. Nous avons permis à ce qu’il ait 3 bâtiments qui permettent aux enfants d’aller à l’école aujourd’hui. Nous sommes en train de finaliser l’école de Korhogo qui est pratiquement terminée.

Tout ça, c’est le Wara Tour. Je n’ai pas le chiffre exact en tête, mais aujourd’hui, c’est plus de 7 à 10 000 kits distribués. Ce sont des ordinateurs portables, des tablettes éducatives qui ont également été distribués. Mais pour moi, le plus important, c’est la sensibilisation permanente. C’est qu’aujourd’hui, le Wara Tour permet à tous les élèves méritants d’être primés. Parce que le Wara Tour, c’est détecter, éduquer, divertir et encourager.

Qu’avez-vous fait cette année ?

Oui cette année, à la cérémonie de lancement du Wara Tour 2023 qui a eu lieu à Yopougon, dont le thème est « Non à la consommation de la drogue et aux produits stupéfiants en milieu scolaire », nous avons pu rénover une école au niveau de Yopougon Sicogi Nouveau quartier Ecole BAD.

Quelles sont vos priorités par rapport à vos objectifs ?

Nous sommes défenseurs des 17 objectifs du développement durable, les ODD  des Nations Unies à l’horizon 2030. Nous nous sommes inscrits dans la valorisation, nous nous sommes inscrits dans l’accès à une éducation de qualité, l’éducation inclusive pour tous les enfants. Nous nous sommes inscrits aussi pour que tout le monde soit bien soigné. Parce que nous sommes aussi ambassadeur de la Santé. Nous sommes aussi engagés à la recherche permanente de la paix. Nous faisons aussi du reboisement pendant le Wara Tour.

Cette année, à l’occasion de la Caravane du Wara Tour, nous avons doté toutes les écoles parcourues d’une boîte à pharmacie de médicaments de première nécessité au nom du Ministère de la Santé. Vous voyez que les défis sont nombreux. Mais nous partons pour atteindre nos objectifs. A savoir que tous les enfants doivent être scolarisés et aucun enfant ne doit être exclu, même les enfants en situation de handicap. Les enfants naissent avec la même intelligence.

Nous nous battons aussi contre le travail des enfants et les pires formes des travaux des enfants. Nous combattons tout ça. Donc, nous sommes engagés pour que l’école soit de qualité et de mérite à tous les niveaux.

Vous sillonnez les régions de la Côte d’Ivoire pour apporter un message aux élèves, aux parents d’élèves, aux enseignants également. Quel est le contenu de ce message ?

J’essaie de faire comprendre à tout le monde que chacun à sa part de responsabilité. Un enfant n’a pas décidé de naître. On est d’accord. Donc quand l’enfant nait, le parent doit comprendre que j’ai mis mon enfant au monde, je dois pouvoir le déclarer pour qu’il ait un extrait de naissance. Et le parent doit comprendre que l’éducation commence à la maison. Le parent doit pouvoir éduquer son enfant à la maison. Maintenant, quand l’enfant arrive à l’école, l’enfant qui a fait des études, qui a fait une formation doit donner le savoir à l’enfant. L’enseignant, qui a aussi juré sur l’honneur, doit donner une éducation de qualité à l’enfant.

Chacun à sa part de responsabilité. En tant qu’artistes, nous sommes les miroirs de ces enfants. En tant qu’artistes, nous sommes ces personnes que les enfants copient. Donc, quand je vais parler à ces enfants, je leur fait comprendre que ce n’est pas pour moi qu’ils vont à l’école, ce n’est pas pour leurs parents qu’ils vont à l’école. Mais d’abord,  ils vont à l’école pour eux-mêmes. Parce que savoir lire et écrire est fondamental. Vous savez, aujourd’hui, un enfant qui ne va pas à l’école, c’est comme un enfant qui est perdu. Donc, le père ou la mère doit obligatoirement inscrire l’enfant à l’école.

Et l’Etat doit aussi jouer son rôle. Parce que l’école était obligatoire et gratuite de 6 à 16 ans, tous les enfants doivent bénéficier de manuels scolaires de qualité pour pouvoir travailler. L’Etat aussi mettre en place des infrastructures de qualité. L’Etat doit construire des écoles pour que les enfants soient dans de meilleures conditions de travail. C’est une chaîne. Chacun doit pouvoir jouer son rôle. Mon slogan, c’est « Va à l’école » qui est une expression universelle. Tout le monde dit à son enfant d’aller à l’école. Mais si les enfants veulent aller à l’école qu’il n’y a pas d’infrastructures, il y a problème.

Si le milieu éducatif n’est pas assaini, il y a problème. Si on dit aux enfants d’aller à l’école et que les parents ne sont pas conscients qu’ils les utilisent dans les marchés, il y a problème. Si l’enfant arrive à l’école et que l’enseignant ne donne pas la connaissance qu’il faut à l’enfant, il y a problème. Donc, chacun à sa part de responsabilité. Nous en tant qu’artistes, en tant que des personnes publiques, comme nos voix portent, humblement, je mets ma petite notoriété au service de ces enfants qui ont fait de moi ce que je suis aussi. Vous savez que je suis né d’une famille polygame de plus de 38 enfants. Ma mère a fait 15 enfants, la deuxième femme a fait 15, la 3ème femme 08 enfants.

Donc vous voyez, je me suis battu, dans ma propre famille pour avoir l’estime du père, parce qu’on est nombreux. Parce que ton père te dit, si ce n’est pas toi, c’est ton frère, si ce n’est pas ton frère, c’est ta sœur. Donc, j’ai appris à me battre dès le bas âge. C’est ce message-là que j’essaie d’inculquer aux jeunes. Pour leur dire que c’est pour eux, ce n’est pas pour nous. Et l’avenir est derrière nous. Donc, il faut tracer les sillons pour que demain, c’est enfants puissent s’en sortir.

Le vendredi 29 septembre 2023, vous avez donné rendez-vous pour l’apothéose du Wara Tour 2023. Qu’est-ce qui est prévu pour cette édition ?

D’abord, il faut dire que c’est une équipe de plus de 25 personnes qui sillonne toute la Côte d’Ivoire. Nous avons parcouru 14 chefs-lieux de région. Et nous sommes allés détecter ces meilleurs élèves. Vous savez déjà que ce sont 20 élèves dans chaque ville qui sont primés devant 10 000 autres élèves qui sont primés devant les parents, devant les enseignants, devant les autres élèves. Et parmi ces 20 élèves, vous avez les deux majors. Premier cycle, le major des majors. Second cycle, le major des majors. Donc ce sont les majors qui sont détectés et invités avec les parents et les coordinateurs. Déjà, aller dans leur localité, les célébrer, les toucher pour dire qu’ils sont importants.

Nous parlons de l’égalité des chances. Donc ces enfants-là seront célébrés dans la plus prestigieuse salle de spectacle du Sofitel Hôtel Ivoire, c’est honneur déjà pour ces parents, pour ces élèves. Pour d’autres, c’est la première fois de venir à Abidjan. Et ces élèves-là vont recevoir des ordinateurs portables. Ils vont recevoir une prise en charge assurance. Ils vont recevoir de nombreux lots. Ils vont voir des personnalités qu’ils rêvaient de voir, ils vont voir des artistes qu’ils aiment. Et cette année, nous avons, Didier Drogba, notre légende, qui est l’invité spécial de cette cérémonie.

Et cette cérémonie de la 7ème édition est placée sous le patronage du président de l’Assemblée nationale, le maire de Yopougon, Adama Bictogo. Nous avons adressé un courrier au président de la République comme invité d’honneur. Donc, c’est la nuit de l’excellence. Le président de la République prône l’excellence à tous les niveaux. Vous avez vu, il y a quelques semaines, la Journée de l’excellence comme chaque année, il n’y a pas mal de jeunes, de leaders, d’entrepreneurs qui ont bénéficié. Nous nous sommes inscrits dans cette vision. Et l’enfant, partout où il soit, s’il a bien travaillé à l’école, il sera primé. Donc, ils viendront déjà pour 4 jours à Abidjan.

Ils vont participer à des activités. Ils seront reçus par des personnalités. Ils vont passer à la télé. Ça va créer une saine émulation au sein des autres élèves pour dire qu’avec le mérite, avec le travail, on pourra aller très loin. Le travail, c’est la clé de votre réussite. Et le travail bien fait va vous permettre de vous démarquer. Ceux qui se sont démarqués seront célébrés dignement. Donc, nous demandons à tous les Ivoiriens de porter ce projet. Parce que ce n’est pas un projet de Abou Nidal. C’est un projet de la Côte d’Ivoire et pour la Côte d’Ivoire. Parce qu’on va beau construit des ponts, on va beau construit des routes, on va beau construire des infrastructures, si on n’a pas investi dans le capital humain, si on n’a pas encouragé le mérite et qu’on donne la visibilité qu’au médiocre, ça ne va rien servir.

Ce sont ces enfants-là qui seront les élites. Et ce sont ces élites que nous avons détecté, que nous allons mettre à la lumière. Donc, l’Ivoirien, qui a l’amour de cette recherche permanente de l’excellence, est invité à venir nous soutenir, à venir voir ces enfants, à venir leur dire qu’ils ont mérité leur place. Ce n’est pas pour moi. Ce sont ces enfants qui sont les stars de cette cérémonie. Ce sont eux que nous allons valoriser, ce sont ceux qui seront devant. C’est pour eux que nous faisons toutes ces mobilisations. Ce n’est pas pour Abou Nidal. Nous nous servons humblement de notre petite notoriété pour les égayer et les mettre à la lumière.

Si l’on demandait à Abou Nidal de porter un regard critique sur le secteur Education-formation en Côte d’Ivoire ?

Je dirais que ça fait 7 ans que je porte ce projet, j’ai vu beaucoup de choses. Mais pour être honnête, il y a une nette amélioration. D’ailleurs, je vais profiter de votre journal pour féliciter notre ministre de tutelle, le professeur Mariatou Koné, qui fait un travail exceptionnel. Vous avez vu les Etats généraux de l’Education où elle a fait appel à tous ceux qui ont des idées, à tous ceux qui peuvent apporter leurs contributions. Et j’ai trouvé ça très formidable.

J’ai bien apprécié ça parce que c’est quelqu’un qui est très humble. Elle sait que c’est un combat pour tous les Ivoiriens. En deux ans déjà, vous voyez au niveau du Baccalauréat, il y a eu une nette amélioration du taux de réussite. L’entrée en sixième, il y a eu une nette augmentation du taux de réussite et le BEPC également. Le travail qu’elle abat dans le milieu éducatif commence vraiment à porter ses fruits. Et nous sommes aussi en mission pour elle. Nous allons aussi profiter de cette cérémonie pour l’honorer, pour la célébrer, pour célébrer l’excellence à tous les niveaux.

Parce que vous avez des chefs d’entreprise, des jeunes cadres dynamiques, vous avez des ambassadeurs, des personnalités de la société civile qui encouragent, qui se battent tous les jours pour célébrer l’excellence, pour encourager l’éducation de qualité pour tous. Donc, ces personnalités aussi seront célébrées à cette cérémonie. Voilà pourquoi nous disons, si l’école a fait de vous aujourd’hui un cadre, si l’école vous permet aujourd’hui de parcourir tout le monde entier, si l’école a fait de vous aujourd’hui un ministre, un ambassadeur, je pense que vous devez soutenir ce projet.

Parce que l’enfant qui vient du Haut-Sassandra, les enfants qui vont venir du Gbêkê, les enfants qui vont venir du Poro, de l’Agneby-Tiassa, sont les enfants de Côte d’Ivoire. Si tu aimes la Côte d’Ivoire, si tu aimes la vision de cette Côte d’Ivoire nouvelle, tu dois t’inscrire dans ce projet pour permettre à ces enfants-là d’être accompagnés pour que demain, ces enfants puissent revenir dans ce pays pour le développer davantage.

A quand le Wara Tour 2024 ?

Alors, nous allons boucler tranquillement le Wara Tour 2023. Et nous allons encore travailler avec tous nos partenaires techniques et financiers, avec le Ministère de l’Education nationale et de l’alphabétisation, pour déjà choisir le thème de 2024 et les régions qui seront choisies pour cette édition de 2024.

Avez-vous un message particulier à lancer ?

Alors, le message particulier que je vais lancer, c’est que nous avons besoin de soutiens, nous avons besoin d’encouragement, d’accompagnement. Nous demandons à toutes entreprises citoyennes, si telle est que ton entreprise est située en Côte d’Ivoire, pour que ce pays aussi puisse se développer, pour que ce pays puisse permettre à ton entreprise de se développer, je pense que ton entreprise doit accompagner ce projet. Parce que, c’est pour les enfants de Côte d’Ivoire, c’est pour les élèves de Côte d’Ivoire. Ce sont les plus méritants qui seront célébrés.

Donc, nous demandons à toutes les autorités, à toutes entreprises, à tous les cadres de ces régions-là de venir soutenir leurs élèves. Parce que les élèves qui viennent, par exemple, de chaque région, il y a des cadres dans ces régions-là, il y a des directeurs généraux dans ces régions, il y a des jeunes cadres dynamiques dans ces régions. Qu’ils viennent à cette cérémonie pour venir soutenir, pour venir faire même une photo avec ces enfants. Tout n’est pas matériel.

Il y a aussi le don de soi. Aussi, il faut avoir juste le petit temps pour dire à l’enfant que tu as bien travaillé et que tu es méritant, félicitation à toi. Il faut venir féliciter l’enfant. Ça va faire bouger quelque chose dans sa pensée. Voilà pourquoi, je fais cet appel. Et c’est une activité qui est uniquement accessible sur carton d’invitation. Donc, je vais laisser les numéros. Vous avez le 01 01 31 41 18. Vous avez aussi le 07 47 00 87 12.

Donc, ce sont les deux numéros téléphoniques qu’il faut appeler pour bénéficier de carton d’invitation. Encore demande à tout le monde et surtout aux jeunes cadres dynamiques de venir. Parce que c’est l’Excellence qui sera célébrée. Ce n’est pas juste pour aller danser. Mais, c’est pour dire aux élèves que si vous êtes excellents, vous pouvez être sur ce podium demain.

Réalisée par Benoît Kadjo

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