Grève de l’IS-MENA / IS-MEFPA : Le SGN du SYEPP-CI répond à la ministre de la Fonction publique après ses menaces
« Vous le savez mieux que quiconque, vous qui fûtes institutrice avant d’être ministre »
Dans une adresse à la ministre d’Etat, ministre de la Fonction et de la modernisation de l’administration, dont copie est parvenue à la rédaction du L’hebdomadaire, Cherif Drissa, secrétaire général national (SGN) du Syndicat des enseignants et des personnels du préscolaire et du primaire public de Côte d’Ivoire (SYEPPCI), à travers très choisis, a demandé cette dernière d’aller doucement, parce que les enseignants ne sont ni des rebelles, encore moins des ennemis de la République… Cette intervention du SGN du SYEPPCI fait suite au communiqué de menace produit par la ministre Anne Ouloto le 5 avril 2025 invitant les enseignants à regagner leur poste ce lundi 07 avril 2025… Ci-dessous l’adresse intégrale de Cherif Drissa.
CHERIF SYNDICALISTE: À MADAME LA MINISTRE DE LA FONCTION PUBLIQUE, Mme Anne Désirée Ouloto,
Allons doucement…
Ne menacez pas les enseignants, Madame la Ministre. Ce ne sont pas des rebelles, encore moins des ennemis de la République. Ce sont des hommes et des femmes debouts, malgré la poussière de la pauvreté, malgré les orages de l’indifférence. Ils ne réclament pas un privilège extravagant, mais une simple étincelle de reconnaissance : une prime d’incitation, un souffle de justice pour des poumons longtemps essoufflés.
Est-ce un crime de lèse-majesté que de tendre la main vers l’État ?
Vous le savez mieux que quiconque, vous qui fûtes institutrice avant d’être ministre. Vous connaissez les craies usées, les tableaux ébréchés, les classes sans murs et les rêves d’élèves suspendus à des voix fatiguées. Vous avez marché dans la poussière des écoles, foulé le sol sacré de l’apprentissage. Alors, vous savez… vous sentez.
Madame la Ministre, on ne radie pas un fonctionnaire parce qu’il réclame un mieux. On ne congédie pas ceux qui sèment, qui bâtissent, qui éclairent. L’Histoire regarde. Elle écrit. Elle enregistre. Elle juge. Et la mémoire collective, infaillible sentinelle, jugera chacun au moment venu.
Aujourd’hui fort, demain peut-être faible.
Aujourd’hui ministre, demain mémoire.
Quel souvenir voulez-vous laisser ? Une main de fer, ou un cœur juste ? Une ère de sanctions, ou un temps d’espérance ?
Offrez-vous le plus beau des héritages. Imaginez-vous, dans un futur apaisé, dire avec fierté à vos enfants, à la Nation entière :
« Oui, c’est sous ma gouvernance qu’une prime fut octroyée aux enseignants. Oui, c’est grâce à ma main tendue que leurs souffrances furent soulagées. »
Ce jour-là, vous serez bénie dans les écoles, chantée dans les salles de maîtres, respectée dans les livres d’histoire.
Mais si l’on doit dire un jour :
« Des enseignants furent radiés pour avoir rêvé d’un mieux, pour avoir osé une grève pendant que j’étais ministre… », alors le passé deviendra fardeau, et cette décision, une tache indélébile sur la conscience collective.
Nous ne sommes pas en grève par plaisir. Non. C’est une douleur de plus dans un quotidien déjà lourd. Nos enfants aussi sont dans ces écoles que vous chérissez tant. Nous ne voulons pas voir les classes vides, mais nous ne voulons plus vivre les poches vides non plus. La misère est notre colocataire, le désespoir notre voisin.
Le ton martial du communiqué n’était pas nécessaire. Le glaive n’est pas toujours le bon outil. Parfois, une plume suffit. Il est encore temps. Un simple décret, un mot juste, une volonté sincère peuvent suffire à réécrire l’histoire, à ramener le calme, à restaurer l’espoir.
Aux DRENA, aux Chefs d’établissements, aux IEPP,
Si votre voix ne peut résonner publiquement, qu’au moins vos prières montent silencieusement. Ne soyez pas les complices d’un échec annoncé. Car cette lutte est aussi la vôtre. Si elle aboutit, vous gagnerez plus que nous. Vous serez les premiers à en cueillir les fruits, vous aussi, silencieux mais concernés.
L’histoire n’oublie jamais. Elle ne triche pas. Elle enregistre tout.
À la prime, chers camarades !
Et que la lumière ne s’éteigne jamais dans nos classes.
LE SGN DU SYEPPCI

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