Bamba Vamansi, vient d’être porté, en tant que secrétaire général national (SGN) du Collectif des Etudiants des Grandes Ecoles et Elèves de l’Enseignement Professionnel et Technique de Côte d’Ivoire (CEGEPT-CI) pour un mandat de 3 ans. Dans cette interview, il parle de ses objectifs, ses priorités, donne son avis sur des sujets d’actualité et des actes concernant le secteur des BTS et de l’Enseignement professionnel et technique en Côte d’Ivoire.
Vous venez d’être investi en tant que nouveau SGN du CEGEPT-CI. Quels sont vos objectifs en prenant les rênes de cette organisation ?
Merci. Je pense que les objectifs sont les mêmes. C’est défendre valablement les étudiants des grandes écoles et les élèves de l’Enseignement professionnel et technique de Côte d’Ivoire afin qu’ils aient une formation beaucoup plus accrue, pour qu’ils soient plus compétitifs sur le marché du travail au niveau national et pourquoi pas au niveau international.
Mais d’abord, je place ce mandat sous le sceau de « La non-violence. » Parce qu’il faut dire que le CEGEPT-CI a toujours œuvré pour la non-violence en milieu scolaire. Raison pour laquelle quand vous prenez l’historique même de la structure, vous n’allez jamais, je dis bien jamais, entendre parler d’une barbarie venant du CEGEPT-CI. Parce que nous avons, une manière, nos méthodes de travail. Qui est le dialogue avant tout, le dialogue après et le dialogue à la fin.
Quelles sont vos priorités en tant que nouveau SGN du CEGEPT-CI ?
D’abord ma priorité, c’est de faire un état des lieux au niveau de l’Enseignement professionnel et technique et ensuite le supérieur privé et voir les mots qui minent le secteur en ce moment. Trouver des solutions pour ne pas dire, faire des propositions à l’autorité, à qui de droit, afin qu’on puisse avoir gain de cause. Pour que les étudiants et les élèves soient dans de meilleures conditions d’étude.
Quelle est la spécificité du CEGEPT-CI dont vous venez de prendre la tête.
Il faut dire que nous sommes d’abord dans de grandes écoles, tout ce qui est BTS et naturellement ceux du professionnel technique. Parce qu’à la création de la structure en 1995, d’abord qui concernait uniquement les grandes écoles, on se sentait un peu lésé dans toutes les décisions prises en faveur des étudiants.
Au début, les étudiants des grandes écoles n’avaient pas droit à la carte de bus, aux bourses, aux cités universitaires. Ils avaient droit à rien. On les considérait comme de gros élèves. Et après la naissance de la FESCI, les étudiants des grandes écoles avaient trouvé qu’il devait avoir une structure pour défendre leurs intérêts.
C’est ainsi que le CEGEPT-CI est né. Et depuis lors, nous œuvrons dans ce sens-là. D’abord c’est de maintenir les acquis et pourquoi pas faire des propositions à l’autorité pour avoir encore d’autres acquis. Et surtout que depuis la crise postélectorale, nous constatons que les étudiants des grandes écoles n’ont pratiquement pas droit à la chambre.
Et c’est vrai qu’on lance des bourses pour tout le monde, mais dans le traitement, les étudiants des grandes écoles n’ont pas trop, trop accès. Ils postulent mais ils ne sont pas pris en compte. Depuis que je suis là, je suis en train de travailler à cela.
Il faut que les étudiants des grandes écoles soient traités un peu plus spécifiquement de telle sorte à avoir facilement accès aux chambres. Parce qu’on a un cursus qui n’est pas aussi long comme ceux des universités. Ce qui fait que par moment, quand l’on lance les attributions ou les bourses, le temps de postuler, d’autres sortent du système.
Donc nos priorités, c’est un peu cela. Et puis, il y a la situation post-BTS. Voilà, je vous explique. Je serai un peu long là-dessus. Mais il faut que vous le sachiez. Voilà deux étudiants lambda qui ont le BAC. Ils demandent à être orientés. L’un est orienté à l’Université et l’autre dans une Grande école. Et l’Etat les prend tous en charge. Mais celui qui va faire la Grande école, après le BTS, c’est fini. Et l’autre, il a le droit, il est pris en compte jusqu’au Master.
Et c’est cette injustice-là, aujourd’hui, que moi, personnellement, je souhaite et je vais mettre sur la table de discussion, pour que l’étudiant des grandes écoles ait au moins quelque chance pour continuer jusqu’à la licence professionnelle et pourquoi pas au Master. Parce que nous sommes dans un Etat de droit et tous les fils de ce pays doivent avoir le même traitement. Donc nous iront à la discussion. Et je pense que par la grâce de Dieu, les autorités comprendront notre démarche. En tout cas, on souhaite ardemment qu’elles puissent régler cela.
Rappelez-nous, s’il vous plait, les acquis du CEGEPT-CI depuis sa création en 1995 ?
Pour les acquis du CEGEPT-CI, d’abord, je vous ai dit au préalable qu’on n’avait pas droit à la carte de bus, on n’avait pas droit à pas mal de choses. Et depuis un moment donné, on avait pratiquement droit à tout cela. Grâce à la lutte de nos prédécesseurs.
Mais j’ai dit encore que depuis la crise postélectorale, c’est-à-dire 2010, l’étudiant des grandes écoles s’est vu un peu lésé dans toutes ces décisions-là. C’est vrai qu’aujourd’hui, tout le monde a droit à la carte de bus, les chambres etc. Mais on avait des acquis, peut-être qu’on les a perdus, par la force des choses. Mais avec le temps, on va remettre tout ça sur la table et voir comment remédier à cela. Je dirai que ce ne sont pas des acquis durables. Parce que chaque année, il y a des réalités.
Et chaque fois que les étudiants des grandes écoles ou des élèves de l’Enseignement professionnel technique seront confrontés à des situations, nous nous ferons fort de les défendre. Mais les grandes lignes que je viens de tracer tout à l’heure, telle que la situation post-BTS, les prises en charge… tout ça, font partie de notre champ de bataille pour que, les étudiants et les élèves de l’Enseignement professionnel et technique puissent être quelque part, être rétablis dans leur droit.
Aujourd’hui, l’on parle d’alliance avec les autres organisations syndicales estudiantines dans ce combat qui est pratiquement le même. Alors à ce niveau, peut-on savoir si vous avez des alliés ?
Oui. Le combat est pratiquement le même. Il faut dire que c’est la démarche par moment qui diffère. Sinon toutes les structures sont pratiquement nos alliées. Vous avez constaté que lors de mon investiture, toutes les structures ont été conviées. Beaucoup sont venues, d’autres ont été empêchées, d’autres également ont eu des empêchements. Sinon, nous sommes pratiquement tous alliés. On travaille ensemble.
Vous avez parlé des difficultés auxquelles sont confrontés vos membres. Alors que comptez-vous faire concrètement pour que vos membres puissent être bien traités ?
Oui, je l’ai dit tout à l’heure. Nous ne sommes pas des décideurs. J’ai dit tout à l’heure qu’on allait faire l’Etat des lieux. Et recenser tous les maux qui minent le secteur et qu’on va déposer, avec des propositions à la tutelle.
Pour qu’éventuellement, on puisse trouver des solutions. Nous recensons tous les maux qui minent le secteur. Et on va en discussion avec la tutelle. Parce qu’on a deux Ministère de tutelle. L’Enseignement technique et professionnel et l’Enseignement supérieur.
On va échanger avec eux, afin qu’on puisse trouver des solutions. Donc je pense que c’est déjà sur la table de discussion. On en a discuté plus d’une fois. Mais je pense que c’est toujours sur la table. Puisque l’investiture vient de finir. On va toujours continuer le combat de telle sorte à obtenir des résultats positifs pour les camarades et les syndiqués.
L’actualité, ce sont les suicides en milieu universitaire où l’on retrouve également certains de vos membres. Quel est votre avis et quelles sont vos propositions pour éviter cela ?
D’abord, je m’incline devant la dépouille mortelle de nos camarades qui ont perdu la vie de manière tragique sur le campus de l’Université Félix Houphouët-Boigny et aussi à Bouaké. Il faut dire que ce sont des situations, qui sont dues, selon moi, au stress et pas mal de choses. Aujourd’hui, il faut que la tutelle ou le Ministère puisse mettre les psychologues sur les différents campus parce que la vie d’un étudiant n’est pas souvent facile. C’est dû au stress etc. Il y a tellement de choses qui entrent en ligne de compte.
Je pense qu’aujourd’hui, vu qu’il y a eu ces incidents malheureux, la tutelle ou les autorités doivent prendre en compte les psychologues en les mettant dans un programme pour pouvoir maintenir l’état de santé surtout mental de nos camarades, à tous les niveaux, pratiquement. C’est vrai que les choses se sont passées sur les campus, mais les étudiants ont des difficultés parce que tout le monde n’a pas la même situation sociale.
Il y a certains qui arrivent à succomber aux difficultés, d’autres même abandonne carrément. Dieu merci, dans le programme du chef de l’Etat, il y a une aide qui sera allouée aux plus démunis. Nous saluons cela. Mais il faut qu’il aille un peu plus loin. Surtout que cette année est dédiée à la jeunesse. Qui dit une jeunesse d’un pays, cela passe par la formation.
Il faut que nous soyons bien formés. Il faut que nous représentions l’élite de ce pays demain. Par conséquent, les propositions que nous faisons, ce sont des propositions qui vont beaucoup plus améliorer le système scolaire et universitaire de nos camarades. C’est vrai que par moment, les gens pensent que nous sommes des voyous. Parce que, par moment, quand on parle et que les gens ne nous attendent pas, on est obligé de crier ou de taper sur la table. Mais l’objectif, c’est le bien-être des étudiants et des élèves de Côte d’Ivoire. Surtout au CEGEPT-CI, c’est la formation de nos camarades.
Parce que quand nous finissons, normalement, nous devons aller directement à l’emploi. Donc, nous mettons beaucoup plus l’accent sur la formation. En tout cas, on remercie le chef de l’Etat, à travers ses différents ministres qui ont déjà emboité le pas. Mais je dis, il y a beaucoup à faire. Et très bientôt, nous allons nous asseoir avec eux, leur faire des propositions afin que l’Ecole ivoirienne puisse bien se porter.
Vos ministres de tutelles ont entrepris des réformes. Votre avis sur ces réformes ?
Je dirai qu’il y a des réformes qui sont en cours. On a été informé de cela. Mais on attend pour que ces réformes puissent finir. Pour qu’on puisse constater tous que nos revendications sont prises en compte dans toutes ces réformes-là. Mais moi je dis, une réforme sans les acteurs, j’ai bien peur. Je dis bien, j’ai bien peur que ce soit un travail insuffisant.
Pourquoi je dis ça ? Parce que quand on fait une réforme, il faut que les étudiants soient associés, les chefs d’établissement, les formateurs soient associés. Je pense qu’il faut que tous ceux qui sont impliqués dans le système soient véritablement impliqués à cette réforme-là pour que les résultats de cette réforme soient appréciés par tous. En tout cas, depuis l’année passée, j’ai oui entendre qu’il y a des réformes, surtout au niveau du supérieur. Donc nous attendons. Puisque c’est une réforme qui se fait sans que nous soyons informés ou pour que nous prenions part. On attend les résultats de la réforme.
Sinon au niveau de l’Enseignement technique et professionnel, il faut dire qu’on a eu pas mal d’échanges avec les différents directeurs. Et je pense qu’il y a des perspectives à ce niveau. Je ne pourrai pas citer maintenant. Ils ont fait des promesses. Je pense que quand nous avons fait une tournée nationale dans le mois de décembre, autour de l’Enseignement technique et professionnel, on a vu qu’il n’y avait pas mal de chantier en cours. C’est tout ce que nous demandons. Vous avez constaté au niveau de l’actualité qu’à Gagnoa, il y a eu une situation que nos syndiqués ont dû mettre sur les réseaux sociaux.
Parce que le directeur louait les internats à d’autres personnes qui étaient différentes des stagiaires. Parce que ceux qui font les BT, ce sont les stagiaires et les étudiants sont ceux qui font le BTS. Heureusement, je venais d’arriver. Je disais, il y a une de nos sections, qui a dénoncé cet état de fait. Dès que la tutelle a vu ça, je crois que les deux jours qui ont suivi, ils ont enlevé le directeur. Mais je dis qu’il ne faudrait pas qu’on attende ces situations-là avant d’enlever quelqu’un qui travaille mal. Parce qu’aujourd’hui, vous avez dit toute à l’heure, qu’il y a eu des suicides.
La vie des étudiants en dépend, la vie des stagiaires en dépend. Dans les lycées professionnels, il y a des internats partout. Mais le constat est que, les internats sont loués à des personnes étrangères. Mais quand on parle, les gens pensent qu’on veut faire du bruit pour rien. Mais en réalité, c’est tout ça qui fait que la formation d’aujourd’hui est au rabais. C’est un système qui a été créé, qui a été pensé avec les internats. Pour quelqu’un qui fait une formation dans un centre professionnel, dès qu’il est à l’internat, il a le temps d’être bien formé.
Mais s’il doit parcourir 5 Km pour aller à la maison et revenir encore le lendemain, c’est sûr que sa formation va prendre un coup. Et ça, je pense que selon leurs promesses, ils sont en train d’œuvrer pour que tout ça entre en ordre. Je pense qu’on va faire le constat. Et si ce n’est pas fait, nous allons revenir encore à eux. Bref, c’est pour dire que je suis confiant. C’est que nos autorités ne sont pas aussi carrées comme on le dit. Je sais qu’ils vont trouver des solutions pour nous.
Votre organisation prend en compte des BTS. Et le ministre de l’Enseignement supérieur, Adama Diawara parle dans le cadre de ses réformes, de la réforme du BTS. Parce qu’il trouve qu’il y a des BTS qui sont aujourd’hui inutiles. Et qu’il faut avoir des filières qui conduisent directement à l’emploi. Il y a des gens qui étaient dans ces filières qui sont appelées à disparaître. Alors est-ce à dire que tout est perdu ces étudiants ?
Ça ne peut pas être perdu pour eux. Parce quand tu as un diplôme, c’est un diplôme national et même international. C’est un diplôme qui est reconnu par l’Etat. Donc ils ne peuvent pas perdre. Par contre, ces filières peuvent disparaître, parce qu’aujourd’hui, on constate qu’il y a beaucoup de filières sont, je ne dirais par inutiles, mais sur le marché de l’emploi, qui peinent à avoir même un stage. Et dans sa réforme, s’il veut supprimer certaines filières, nous sommes pratiquement d’accord là-dessus. Mais, comme je le dis, quand on prend une décision sans toi, il se peut que cette décision soit contre toi. Donc nous sommes en attente de tous les résultats de la réforme. Sinon, le CEGEPT-CI a toujours qu’il y a des filières qui sont inutiles.
Nous même avons des propositions en ce qui concerne le BTS. Parce que quelqu’un qui finit le BTS, normalement, il est prêt à l’emploi. Mais le constat est qu’il n’y a pas mal de BTS aujourd’hui, après la formation, ils ont du mal à avoir un stage ou quand ils ont le stage, le niveau n’est pas aussi ça. Donc je pense que la réforme est la bienvenue mais, il faut bien penser cette réforme.
Quel message particulier avez-vous à lancer ?
Le message que j’ai à lancer, c’est d’abord aux étudiants et aux élèves de l’Enseignement technique et professionnel. Pour leur dire que je viens d’entamer un mandat de 3 ans. Et je les remercie tous, pour tous ceux qui m’ont fait confiance. Il faut qu’ils sachent que je vais œuvrer pour que tous leurs problèmes soient résolus.
Bien que n’étant pas le décideur, mais nous allons recenser tous leurs problèmes vraiment utiles à la formation et les mettre sur la table de nos autorités afin qu’on puisse trouver des solutions. Qu’ils sachent que nous n’allons pas baisser les bras. Et aussi, c’est l’union qui fait la force. Certes je suis le premier responsable aujourd’hui, mais, il faut dire que c’est ensemble qu’on doit réussir ce mandat, c’est ensemble qu’on doit lutter pour nos propres biens.
Benoît Kadjo