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EGENA : Voici des sujets préoccupants

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Les Etats Généraux de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation, en abrégé EGENA, pour remettre en cause l’Enseignement préscolaire, primaire et secondaire ivoirien, fortement critiqué depuis quelque temps, ont été lancés depuis le lundi 19 juillet 2021. C’était en présence des partenaires internationaux (Unesco, Unicef, Pnud…) et nationaux. Ils doivent, en principe, durer 6 mois. Pour une organisation pratique bien coordonnée et réussie, le comité d’organisation, chargé de l’exécution de ce noble projet, était à partir du 2 août dernier en conclave à Dabou. Aujourd’hui la question récurrente qui ressort des conversations est : que doit-on dire concrètement à ces états généraux pour que l’Education nationale retrouve ses lettres de noblesse ? Ainsi s’impose la question des vrais sujets à débattre à ces assises qui se veulent locales, départementales, régionales et nationales.

Les choses se précisent. Les EGENA annoncés par la nouvelle ministre de l’Education nationale et de l’Alphabétisation, Mariatou Koné, dès sa prise de fonction, le 12 avril 2021, «  … pour faire de la Côte d’Ivoire, une puissance éducative » et vraiment résiliente sont en marche. Et nul ne pourra les arrêter, selon une autorité. Mais, quels sont les véritables sujets sur lesquels devront plancher les participants pendant au moins 5 mois de débats et d’échanges pour créer désormais le consensus autour de l’Education nationale ivoirienne ?

Les sujets nécessaires, mais qui fâchent

Il y aura certainement des débats houleux qui se profilent à l’horizon, vu l’enjeu que suscitent ces EGENA 2021. Au nombre de ces débats, les préoccupations des syndicats qui depuis des lustres crient au secours. C’est seulement en 2019 que ces syndicats, certainement exténués par la non réaction de leur tutelle, ont bandé les muscles pour mieux se faire entendre en paralysant l’Ecole avec pratiquement 4 mois de grèves sur 9 mois d’année scolaire. La révélation de cette année a été la Coalition du secteur éducation-formation de Côte d’Ivoire (Cosefci), regroupant à cette époque, au moins 9 organisations syndicales du préscolaire, du primaire et du secondaire avec à sa tête son porte-parole Pacôme Attaby.

Il y a eu en plus de la Cosefci, l’Iseppci de Bli Blé, le Synesci… Il était question pour ces organisations syndicales d’exprimer à la tutelle leurs difficultés. Afin d’y trouver des solutions au grand bonheur de l’Ecole ivoirienne. Il s’est agi, entre autres, comme premier grand sujet du relèvement des indemnités de logement des maîtres, maîtresses, professeurs du premier et du second cycle du secondaire qui étaient bloqués depuis 1995 à 40 000 FCFA pour les instituteurs et institutrices et 50 000 FCFA pour les professeurs du secondaire dans leur ensemble. Les représentants des syndicats avaient unanimement demandé à la ministre Kandia Camara de revoir ces montants à 120 000 FCFA pour les instituteurs et à 150 000 FCFA pour les professeurs dans leur ensemble. Cette question d’augmentation de primes de logement est encore très défendue comme la prunelle de leurs yeux par les syndicalistes. Au niveau de l’Etat, c’est le silence total, surtout que le pays est frappé tout comme les autres pays du monde, par la pandémie de la Covid-19 ayant plombé depuis 2020 l’économie mondiale dans son ensemble. Y a-t-il lieu d’espérer à une réponse favorable du gouvernement à l’issue de ces EGENA ?

La ministre de l’Education nationale, Prof. Mariatou Koné, initiatrice des EGENA.

La question de la suppression des cours de mercredi instaurés par la ministre Kandia, pour selon elle, mettre aux normes internationales (Unesco) le quantum horaire national qui avait fait l’objet de grandes empoignades entre les syndicats du primaires et la ministre et principalement entre la ministre Kandia Camara et le secrétaire général du Mouvement des Instituteurs pour la Défense de leur Droit (MIIDD) d’alors, Mesmin Comoé, reste encore d’actualité. Tous les représentants des syndicats du préscolaire et du primaire que l’hebdomadaire l’Ecole a approché sont sans équivoques. A preuve, selon eux, le problème de l’Ecole ivoirienne ne provient pas des quantums horaires. Selon eux, malgré l’augmentation du quantum horaire, la Côte d’Ivoire s’est retrouvée 13ème sur 14 pays au dernier classement du Pasec 2019.

Pour ces derniers, le problème est ailleurs et donc, il y a lieu de supprimer les cours du mercredi afin de permettre aux enseignants de mieux s’organiser dans la gestion de leur temps de travail. Un autre sujet, non des moindres, est le règlement des mandatements des nouveaux instituteurs. Ceux-ci ne reçoivent leur premier salaire que deux ans au minimum après leur affectation. Une situation que les syndicats trouvent démobilisant, déshumanisant pire suicidaire, car nombreux sont ceux qui sont morts au travail sans percevoir ce précieux premier salaire ou morts endettés. Pour ces syndicats, il faut choisir comme temps de règlement de ce premier mandatement, 6 mois après l’affectation de leurs nouveaux collaborateurs, l’Etat ivoirien est-il à mesure de suivre ce rythme quand l’on sait que ce sont au minimum plus de 5 000 enseignants du primaire qui sont recrutés chaque année, sans oublier les recrutements exceptionnels ? La question de révision du profil de carrière des enseignants n’est pas à exclure.

Car dans leurs revendications en 2019, les syndicats ont demandé l’organisation de concours exceptionnels de promotion dans les emplois de l’enseignement préscolaire et primaire allant de C3 en A4 ; la question de promotion des instituteurs adjoints et ordinaires également figurait en pôle position. Aussi, l’un des sujets qui devrait retenir l’attention à ces EGENA est celui du droit de grève. L’on se rappelle que des ponctions ont été, injustement, faites, selon des syndicalistes, en 2019 et en janvier et février 2020 sur les salaires des grévistes. Alors que ceux-ci avaient respecté les procédures légales. Ces derniers continuent de réclamer justice.

Et c’est l’une des premières préoccupations que les syndicats ont posé à la ministre Mariatou Koné dès les premiers contacts au CNMS à Cocody. Il faut, non seulement, restituer ces ponctions, mais leur permettre d’exercer leur droit de grève quand cela est nécessaire. Bien d’autres sujets tels que le  retour des primes d’encouragement dans les affectations dans endroits difficiles d’accès etc., devront permettre de donner plus de tonus aux EGENA.

Les directeurs d’écoles, les éducateurs et inspecteurs d’éducation ont leurs mots à dire

Ils sont aussi concernés par ces EGENA. Ce sont les directeurs d’école, les éducateurs et inspecteurs d’éducation. Les directeurs d’école, qui n’ont pas le droit d’appartenir à des mouvements syndicaux, ne sont pas exempts de difficultés dans l’exercice de leur profession. D’abord, ils sont confrontés à un problème de formation. Car, un directeur d’école qui vient à ce poste ne bénéficie pas d’une formation spéciale pour sa nouvelle profession.

Une vue des participants lors du lancement des EGENA au Palais des Congrès du Sofitel Hôtel Ivoire à Abidjan.

Nommé, il doit faire appel à son expérience personnelle et approché les anciens directeurs pour prendre conseil. Sa formation se fait donc sur le tas. Ces EGENA doit donc être l’occasion pour ces derniers de poser leurs différentes préoccupations au nombre desquelles la question de leur formation mais aussi, leur permettre de se consacrer à leur fonction de directeur, rien qu’à leur poste de directeur d’école.

Car jusqu’à présent, les directeurs ont à leur charge, en plus de leur rôle de directeur qui reçoivent des visites, participent aux réunions convoquées par les inspecteurs et la hiérarchie, des classes. Ce qui fait que parfois, ce sont des cours qui sont permanemment interrompus, des absences répétées, tout ceci au détriment des pauvres élèves. Il faut donc qu’à ces EGENA, on puisse définir un statut clair à ces directeurs d’école afin de leur permettre d’exercer pleinement leur rôle. Pour le cas des éducateurs et les inspecteurs d’éducation, ils sont aussi préoccupés par leurs rôles qui restent un peu assujettis dans un petit bureau et qui ne leur donnent pas droit à mieux se mettre en exergue.

Les élèves et parents d’élèves attendus

Ces EGENA ne peuvent pas se faire  l’insu des élèves et parents d’élèves qui sont l’un des pions essentiels du système scolaire. Même si parfois, ils sont ignorés ou moins considérés dans certaines rencontres préoccupantes. Les parents d’élèves qui ont des organisations de parents d’élèves, selon nos sources, veulent revendiquer leur droit de pouvoir être obligatoirement partie prenante dans les questions qui concerne nécessairement les enfants dont ils sont les premiers responsables. Pour eux, il est inadmissible de parler des questions liées à l’école sans pouvoir les associer.

Il faut que cela cesse car, désormais, ils doivent faire partie du cercle de discussion qui devrait prendre en compte, la tutelle, les enseignants, les partenaires (ci-possibles) et les élèves. C’est dans une synergie d’action que le problème posé, pourra certainement trouver une solution idoine. Les parents d’élèves sont les premiers responsables de leurs progénitures. A ce titre, il faut les mettre en confiance afin qu’ils jouent pleinement leur rôle. Quant aux élèves, ils ont parfois été le mouton du sacrifice.

Toujours en train de subir. Car quand l’enseignant décide d’entrer en grèves, c’est lui qui doit rester à la maison, quand l’autorité de tutelle prend des mesures négatives, il est prioritairement concernés par les conséquences de ces mesures. D’un côté comme de l’autre, il est éclaboussé. Mais, aujourd’hui, ce qui reste préoccupant pour ces derniers, c’est le manque d’école avec les effectifs pléthoriques, des systèmes d’enseignement qui changent à tout vent, des enseignants constamment absents pour des motifs souvent injustifiés… Il faut trouver des réponses à toutes ces inquiétudes  et à bien d’autres afin de rehausser leur niveau, aujourd’hui au centre des débats.

En somme, au sortir de ces six mois d’échanges et de débats francs, chacun devrait pouvoir faire sa mue et permettre à l’école de bénéficier d’un nouveau souffle pour que la Côte d’Ivoire et ses diplômes soient à nouveau considérés. Après l’Education nationale, il faut aussi penser à l’Enseignement supérieur où ils existent également des difficultés latentes qui ont besoin d’être, urgemment réglées. Il en est de même pour l’enseignement technique et professionnel qui débouche à la fourniture d’un grand nombre d’emplois des élèves qui y passent.

Benoît Kadjo 

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