La haute direction de L’Inter Syndicale du MENA (IS-MENA) a animé, par la voix de son porte-parole, David Bli Blé, une conférence de presse le dimanche 3 novembre 2024 pour signifier au gouvernement ivoirien qu’il n’entend pas abandonner son combat pour lequel elle a effectué 72H de grèves lourdement sanctionnées par les autorités ivoiriennes.
Le porte-parole de l’IS-MENA a dit condamner avec fermeté les mesures de suspensions de leurs salaires et de ponctions sur les salaires de leurs camarades par le gouvernement qualifiées d’illégales et de démesurées, suite à la grève menée les 15, 16 et 17 octobre 2024 par cette faitière syndicale pour réclamer une prime d’incitation au même titre que d’autres fonctionnaires ivoiriens, surtout qu’elle dit avoir observé un mois de préavis de grève au lieu de 6 jours, comme le dit la loi.
Pour le l’IS-MENA, le gouvernement ivoirien, à travers ces mesures, a décidé de mettre de l’huile sur le feu. Car après la réussite de sa grève de 72H, alors que ses membres se sont disposés à un dialogue constructif en participant à deux activités gouvernementales que sont l’atelier de Grand-Bassam du 24 au 26 octobre pour consolider leur fond documentaire relatif à leurs revendications avec le MENA et le 29 octobre 2024, à la cérémonie de remise officielle des documents issus de l’atelier de Grand-Bassam à la Ministre d’Etat, ministre de la Fonction publique, Anne Ouloto, à leur grande surprise, le gouvernement ivoirien, plutôt que d’apporter des solutions idoines à leurs revendications, a pris ses « sanctions administratives et pénales injustifiées, illégales et inopportunes. »
Ainsi, le porte-parole David Bli Blé a fait savoir que les décisions du gouvernement de les sanctionner lourdement sont illégales et inopportunes parce que « la loi inique n° 92-571 du 11 septembre 1992 relative aux modalités de la grève dans les services publics, en son article 8 stipule clairement que « L’absence de service fait, par suite d’une cessation concertée du travail entraîne une réduction proportionnelle du traitement ou salaire et de ses compléments, autres que les prestations familiales. » Selon lui, les informations en leur possession, indique que cette disposition n’a pas été scrupuleusement respectée.
Il a, par ailleurs déploré le fait que « des enseignants en formation, des enseignantes en congé de maternité, des fonctionnaires en congé maladie etc. se sont vus illégalement ponctionnés. » Aussi, selon le conférencier, « concernant les suspensions de salaire des leaders syndicaux, aucune loi n’autorise l’Etat à les suspendre pour fait de grève. » C’est pourquoi face aux journalistes, Bli Blé n’a pas manqué de déclarer « nous condamnons avec la dernière énergie les décisions abusives et les graves violations de la liberté syndicale. »
Aussi, le conférencier et ses camarades ont dit prendre « l’opinion nationale et internationale à témoin sur les intentions réelles du gouvernement en ce qui concerne l’ouverture effective d’un dialogue franc et sincère en vue de trouver dans un délai raisonnable, les réponses face à notre revendication principale qui est l’octroi de la prime d’incitation en faveur des personnels du secteur Education-Formation. » Il a dit prendre le gouvernement pour responsable des conséquences de ces sanctions sur la qualité de l’enseignement.
Aussi l’IS-MENA entend saisir le Conseil constitutionnel ivoirien et l’OIT pour faire changer la loi N°92-571 du 11 septembre 1992 relative aux modalités de la grève dans les services publics qui est à la fois, inopérante, liberticide, anticonstitutionnelle, et surtout contraire aux normes internationales prescrites par la convention 87 de l’OIT sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical qui date de 1948.
« Nous rappelons à nos camarades, à l’opinion nationale et internationale et surtout au gouvernement que toutes les démarches que nous entreprenons sont focalisées sur l’obtention des primes incitatives. Et rien surtout rien ne doit nous détourner de cet objectif », a-t-il précisé David Bli Blé qui a invité tous leurs camarades à se mobiliser pour accueillir toutes les délégations de leur faitière (intersyndicale) qui se rendront du 10 au 16 novembre 2024 dans plusieurs localités du pays. Il a également annoncé une Assemblée générale pour le 30 novembre 2024.
Répondant aux questions des journalistes, le porte-parole de l’IS-MENA a fait savoir qu’il n’est pas question d’abandonner ce combat dont l’objectif est d’aboutir à de meilleurs traitements et de meilleures conditions de travail, avec en priorité, l’obtention des primes incitatives, à l’instar de certains de leurs camarades de la même Fonction publique ivoirienne.
Aussi a-t-il déclaré que le dialogue reste une priorité pour lui et ses camarades qui attendent beaucoup de la rencontre avec le gouvernement le 28 novembre 2024 avant leur Assemblée générale prévue le 30 novembre 2024.
Benoît Kadjo