Lancement officiel des EGENA : Pari réussi Mariatou Koné

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Le lancement annoncé des Etats généraux de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation (EGENA) a eu lieu, le lundi 19 Juillet 2021, au Sofitel Hôtel Ivoire d’Abidjan-Cocody. Vu l’importance de l’Evénement, des personnalités, des autorités, des représentants d’organisations nationales et internationales, non des moindres, ont pris part à ce rendez-vous historique sur l’Ecole ivoirienne.

La cérémonie de lancement des états généraux de l’Education nationale et de l’Alphabétisation a tenu toutes ses promesses. C’est une salle des Congrès du Sofitel Hôtel Ivoire qui a refusé du monde. Les invités, tant au niveau national qu’international, ont répondu à l’appel de la ministre Mariatou Koné en charge de l’Education nationale et de l’Alphabétisation, initiatrice de l’organisation de ces états généraux dès sa prise de fonction le 12 avril 2021.

Le premier ministre ivoirien, Patrick Achi a, dans son adresse, indiqué que « la qualité des personnalités présentes ici, présidents d’institution, membres du gouvernement, partenaires au développement, du secteur privé comme du secteur public, représentants des religieux, des partis politiques, de la société civile, augure de l’importance et gage du succès de cette grande rencontre ». Le chef du gouvernement ivoirien a révélé qu’après avoir été au rang des priorités des priorités et fait l’objet de toutes les attentions, d’avoir produit parmi les meilleures ressources humaines que notre continent ait connu au cours des trois premières décennies de son indépendance, le système scolaire ivoirien a commencé à perdre ses lettres de noblesse avec l’avènement des crises à répétition que la Nation ivoirienne a subi de plein fouet.

« En 2011, lorsque le président Alassane Ouattara arrive au pouvoir, les défis semblent insurmontables. Des centaines de milliers d’enfants sont restés déscolarisés, interrompant le destin de jeunes pleins d’ambition, de talents et d’espoirs. Les milliers d’enseignants avaient fui les zones à risque et l’Ecole ivoirienne n’était plus que l’ombre du passé que nous avons décrit. Il fallait, sans délai, réhabiliter des milliers de classes, trouver des dizaines de milliers d’enseignants et redonner aux enfants le simple goût d’aimer l’Ecole », a rappelé Patrick Achi. Pour qui la perte de la qualité du système éducatif est invisible. Il a par ailleurs fait savoir qu’au cours des 10 dernières années, des hommes et des femmes ont fait ce qui était humainement possible pour redémarrer le système éducatif. Il a rendu hommage à ceux-ci.

Selon le chef du gouvernement ivoirien, le président Alassane Ouattara a affiché une farouche volonté en vue de permettre  l’école ivoirienne de rebondir. « Cette volonté du chef de l’Etat se traduite par des arbitrages budgétaires largement favorables au secteur éducatif en vue d’en faire un droit pour chacun. Au titre de l’année 2019, 5% du PIB, 18% du budget de l’Etat et 44%  du budget de fonctionnement ont été consacrés à l’enseignement du préscolaire, du primaire et du secondaire général », a révélé, Patrick Achi pour qui, au cours de la décennie écoulée, des ressources budgétaires substantielles ont été investies dans le système éducatif.

Cela a permis, a-t-il déclaré, la construction depuis 2011, de 36 665 nouvelles classes dans le primaire et dans le secondaire ainsi que le recrutement de 76 430 enseignants et 4 941 personnes dédiées à l’encadrement. Parlant de ces états généraux de l’Education, le chef du gouvernement a affirmé qu’ils seront « certainement un moment important pour revenir sur les actions et les détails des résultats de cette décennie ». Pour Patrick Achi, qui a répondu à ceux qui s’interrogent sur la nécessité de ces états généraux, « que nous ne sommes pas à notre premier exercice en Côte d’Ivoire.

La ministre Mariatou Koné a réussi son pari de lancement.

« Notre pays a déjà vécu 3 concertations nationales sur l’Ecole ivoirienne. En 1977, en 1987 et en 1994 », a dit premier ministre Achi. Il a d’ailleurs expliqué que l’Education ou l’école n’échappe pas aux influences, aux innovations, aux nouveautés et aux soubresauts de toutes sortes qui jalonnent la marche du monde en constance mutation. C’est pourquoi, précise-t-il, qu’il est parfois important « de temps en temps, que l’on fasse des poses pour mesurer le chemin parcouru et au besoin, apporter les ajustements nécessaires afin de poursuivre plus sereinement notre longue marche vers le développement ». Pour lui, c’est dans ce contexte qu’il faut situer les états généraux de l’Education nationale et de l’Alphabétisation que la Côte d’Ivoire s’apprête à vivre.

« Il nous faut courageusement, avec honnêteté et franchise, questionner le système, évaluer les rôles de toutes les parties, l’Etat qui offre la connaissance, mais également les parents, qui sont au cœur de l’éducation de nos enfants. Chacun devra faire le point de l’évolution afin d’améliorer ce qui doit l’être. Il s’agit plus globalement de formuler des recommandations en vue d’un meilleur positionnement de notre système éducatif », a préconisé le premier ministre Patrick Achi.        

Mariatou Koné rend hommage et propose

Avant l’intervention du chef du gouvernement ivoirien, la ministre Mariatou Koné a remercié le président Alassane Ouattara pour son implication dans l’édification d’une Côte d’Ivoire moderne et une école performante. Elle n’a pas exclu le premier ministre Patrick Achi pour son soutien et sa présence à ses côtés. A la directrice adjoint de l’Unesco, Stefania Giannini, la ministre du MENA a dit merci pour l’accompagnement. « Cette présence est pour notre Ministère, le gage d’une concertation nationale dont tous les résultats et les recommandations seront en cohérence avec les instruments des organisations internationales », a-t-elle rassuré.

Mariatou Koné n’a pas oublié tous ces prédécesseurs, au nombre de 16 anciens ministres de l’Education nationale, dont certains sont décédés, qui ont hissé le système éducatif à un certain niveau. Elle a, par ailleurs, adressé une mention spéciale à la ministre Kandia Camara qui, pendant une décennie, a tenu les rênes de l’Education nationale en œuvrant « pour une Ecole ivoirienne résiliente et compétitive. Elle n’est pas dans la salle mais je voudrais vivement lui rendre hommage », a précisé Mariatou Koné. La ministre Mariatou Koné, qui a salué les personnes qui suivent cette cérémonie hors de la salle et en ligne, a indiqué que « cette initiative en vue de relever les défis que le Ministère de l’Education nationale et de l’alphabétisation initie un dialogue sur l’éducation et l’alphabétisation, en abrégé EGENA, le 5ème du genre depuis l’accession de la Côte d’Ivoire à l’indépendance ».

Aussi a-t-elle précisé, « il s’agira pour tous les acteurs et partenaires de s’accorder sur un diagnostic, de faire des recommandations pour une école plus performante ». Consciente de la nécessité de réussir cette mission, la ministre du MENA a fait savoir que « si les défis de notre système éducatif ne sont pas adressés, l’ambition du gouvernement de mettre à la disposition de la Côte d’Ivoire des ressources humaines de qualité et productives  en adéquation avec les besoins du marché de l’emploi pourront être compromises ». C’est pourquoi, propose-t-elle : « Pour ce faire, nous devrons inscrire cette ambition dans une approche globale, intégrée, holistique et compétitive, en vue relever d’autres défis qui méritent également une attention particulière.

Les collègues ministres étaient visiblement présents.

Il s’agit de la hausse des demandes d’emploi, de la concurrence dans l’économie, du changement climatique, de la pandémie à coronavirus, des défis démographiques… Tous ces défis nous invitent à penser une politique éducative plus durable ». Elle a d’ailleurs salué l’Unicef pour son accompagnement financier de ces états généraux et a invité les autres partenaires à réagir car l’enjeu est grand. Pour Mariatou Koné, ce rendez-vous est très important. Car, a-t-elle expliqué : « L’Education nationale, c’est comme le football. Tout le monde est entraineur, tout le monde veut placer un joueur. Mais, en réalité, c’est dans la concertation et la priorisation que nous relèverons ensemble les défis pour faire briller notre pays en matière d’éducation nationale et d’alphabétisation ». Elle a salué, à cet effet, la présence de tous les partis politiques sans exception parce que selon elle, le défi d’une éducation performante ne saurait se dessiner et se réaliser sans la participation de tout le monde. « Autour de l’Ecole, il n’y a pas de politique », a dit Mariatou Koné.

D’ailleurs, a-t-elle déclaré : « La mobilisation exceptionnelle de ce jour au service d’une école ivoirienne inclusive marquée du sceau de la qualité, de l’équité, du mérite et de la transparence est le signe manifeste d’un engagement fort et de la volonté commune d’apporter individuellement et collectivement votre contribution à l’amélioration du système éducatif ivoirien ».  La ministre Mariatou Koné a également fait savoir qu’à travers ces états généraux, c’est ensemble « que nous pourrons jeter les bases d’un nouveau contrat social entre les acteurs et partenaires du système éducatif national ». Mieux, a-t-elle insisté : « C’est une exigence éminemment citoyenne si nous aspirons véritablement à une éducation de qualité au service de nos enfants et de la Côte d’Ivoire de demain, dans la perspective d’un développement durable pour un mieux être partagé ».

Mariatou Koné a, donc, exhorté toutes les personnes morales et physiques impliquées dans ces états généraux d’en faire un succès. Elle a affirmé que quelle que soit la position sociale et géographique de chacun, sa contribution effective à ce rendez-vous de diagnostic et de proposition est attendue.

Une plateforme numérique pour la participation de la diaspora ivoirienne

Mariatou Koné, dans son intervention, a souligné l’existence d’une plateforme numérique créée par son Ministère dans le cadre de la tenue de ces états généraux qui doivent durer six (6) mois. « La plateforme numérique créée à cet effet a pour objectif de rendre ces assises et concertations sur l’Ecole totalement inclusives, avec une participation souhaitée de nos compatriotes de la diaspora.

Les institutions internationales apportent leur soutien à la Côte d’Ivoire

C’est d’abord Marc Vincent, le représentant de l’Unicef en Côte d’Ivoire qui a tenu à  rassurer sur le système éducatif qui, selon lui, a connu une amélioration importante. Mais des efforts restent à faire. Il a, à cet effet, indiqué que la structure qu’il représente est disponible à accompagner la Côte d’Ivoire dans sa quête d’un système éducatif performant et efficient. La représentante du groupe local des partenaires de l’Education a dit qu’il s’agit d’un travail méticuleux à faire dont les résultats doivent être progressivement intégrer dans le système scolaire.

La directrice générale adjointe de l’UNESCO, Stéfania Giannini a apporté le soutien de son institution à cette initiative des EGENA.

« Pour nous aussi, partenaires techniques et financiers, les états généraux doivent être une occasion d’introspection sur notre manière de travailler ensemble », a-t-elle confié en indiquant que le groupe des partenaires compte à ce jour, 19 organisations et structures membres. Stefania Giannini, directrice adjointe de l’Unesco, qui a spécialement fait le voyage en Côte d’Ivoire pour participer au lancement de ces états généraux, s’est dit heureuse d’être présente à ce rendez-vous. Elle a d’ailleurs rassuré les autorités ivoiriennes que l’Unesco va mobiliser tout ce qui est en son pouvoir pour accompagner la Côte d’Ivoire pour la tenue de ces états généraux.

Ce que prévoit le commissaire général de ces états généraux

Balé John Francis, commissaire général de ces états généraux, à travers une projection, a présenté le cheminement de ces états généraux prévus pour tenir sur 6 mois. Il a situé le contexte, la justification et objectifs, les résultats et objectifs, les opportunités qu’offre cette initiative de la ministre Mariatou Koné, les thématiques des concertations, le déroulement, les principes directeurs et le chronogramme. Le cheminement, qui s’étend sur 6 mois de travaux, va permettre de recueillir les résultats attendus, les forces et les faiblesses de l’Ecole ivoirienne et l’énumération des recommandations des différentes entités.

Benoît Kadjo