31ème anniversaire : Tous pour une Fesci responsable

15

La Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci) a célébré, du mercredi 21 au samedi 24 avril 2021, le 31ème  anniversaire de sa création, consacrée aux femmes et filles qui ont participé à la lutte de la Fesci depuis les années 90 jusqu’à aujourd’hui. A cet effet, pour ce rendez-vous de commémoration, plusieurs activités étaient au programme qui a été placé sous le thème : « La contribution de la Jeune syndicaliste dans la mise en place d’un leadership nouveau, modèle incontournable de gouvernance ».

D’abord, la cérémonie d’ouverture, qui a eu lieu à l’Amphi A du District d’Abidjan de l’Université Félix Houphouët-Boigny de Cocody, a vu la présence, du directeur de cabinet adjoint du ministre de la Réconciliation et de la cohésion nationale, Kouadio Konan Bertin, du professeur Tidou Abiba Sanogo épouse Koné, présidente de l’Université Jean Lorougnon Guédé de Daloa, marraine et conférencière, du président de l’Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan Cocody, Ballo Zié, du directeur du Crou A, Déli Mamadou, des responsables d’organisations sœurs venues du Burkina Faso, du Mali…, des anciens secrétaires généraux de la Fesci (Dr. Ahipeaud Martial, Eugène Djué, Mian Augustin, Assi Fulgence Assi…), ainsi que des partenaires de la Fesci (Trésor Money…)…

Prof. Ballo Zié, président de l’Université Félix Houphouët de Cocody :

« Il appartient à la jeune fille de s’impliquer davantage dans la vie associative pour mettre à profit le cadre tracé par le gouvernement » 

Dans son intervention, Prof. Ballo Zié, président de l’Université Félix Houphouët-Boigny, qui accueillait cette cérémonie, a salué le thème de cet anniversaire qui répond, selon lui, à un besoin sociétal. « En effet, depuis 2016, les hautes autorités de notre pays s’attèlent à créer un environnement propice à la promotion des droits de la femme en général (…). C’est dans ce cadre que s’inscrit la loi de 2019 pour besoin de la représentation des femmes dans les assemblées élues », a-t-il dit. Pour Ballo Zié, il appartient à la jeune fille de s’impliquer davantage dans la vie associative pour mettre à profit le cadre tracé par le gouvernement. La jeune fille, a-t-il conseillé, a besoin de s’impliquer dans la vie associative. « Son engagement peut contribuer à une reconfiguration positive de l’image de combat de la Fesci, pour l’épanouissement de l’étudiant ivoirien », a-t-il souligné. Avant de souhaiter que les recommandations de ces travaux permettent à la jeune fille de retrouver toute sa place dans le combat que mène la Fesci depuis bientôt 31 ans. « J’adresse également à monsieur le secrétaire général de la Fesci, mes encouragements parce que la place de la jeune fille dans la société du futur se prépare dans la société du présent. Si le futur est bien compris, ce n’est que l’aboutissement du présent. J’exhorte les premiers responsables de la Fesci à oser au sens démocratique du thème, pour que le renouveau du syndicalisme estudiantin qui prend en compte la construction de la jeune fille, aboutisse à la construction d’un environnement de paix, de liberté, qui est préalable à la formation d’un capital humain de qualité », a indiqué le président Ballo Zié pour qui la formation du capital humain de qualité est l’une des missions de l’Université Félix Houphouët-Boigny qui est une université d’excellence au service du développement.

Deli Mamadou, directeur du Crou A1 :

« Vous pouvez compter sur nous parce que la Fesci d’aujourd’hui est une Fesci responsable… »

Le directeur du Crou d’Abidjan 1, Deli Mamadou, s’est pour sa part, félicité pour la mobilisation de la jeune fille autour de la Fesci lors de cette célébration. « Vous savez, la Fesci n’a pas toujours été précédée d’une réputation irréprochable. Et aujourd’hui, 31 ans après sa création, voir que la Fesci a en son sein, la gente féminine, le leadership féminin ivoirien de demain, en si grande qualité montre bien que votre organisation est une organisation qui se bonifie d’année en année », a-t-il déclaré. Il a donc rassuré les responsables que le Crou Abidjan 1 rattaché à l’Université Félix Houphouët-Boigny, qui accueille ses festivités, sera toujours aux côtés de la Fesci pour l’accompagner dans tout ce qu’elle entreprendra. « Parce que la Fesci d’aujourd’hui, est une Fesci, pour ma part, très responsable, est une Fesci qui a abandonné les sentiers de la violence, qui dialogue avec les autorités universitaires et qui arrive à des solutions pour le bien-être des étudiants », s’est-il justifié. Aussi, a-t-il ajouté : « En tant qu’un modeste ancien de la Fesci, je voudrais dire que nous sommes fiers de ce syndicat, qui dans le respect et dans l’ambition, de garder le leadership dans les organisations estudiantines de  scolaires de Côte d’Ivoire, œuvre à ce que le dialogue ne soit jamais rompu avec les autorités, œuvre à ce que les critiques qui viennent de partout, nous qui vous fréquentons, nous qui parlons véritablement avec les membres du bureau national et les sections, vous faites en sorte que nous savons que vous travaillez pour les étudiants, nous savons que vous êtes aux côtés de l’étudiant ». C’est pourquoi, le directeur du Crou A1 a réitéré le soutien de l’institution qu’il dirige à la Fesci en se mettant à la disposition de cette organisation estudiantine et promettant l’accompagner dans la mesure de ses possibilités. « Vous pouvez compter sur nous comme des petits frères et des petites sœurs peuvent compter sur des grands frères », a conclu Déli Mamadou.

Eugène Kouadio Djué (Ex-Secrétaire général de la Fesci et membre fondateur) :

« La Fesci n’est pas le problème de l’Ecole ivoirienne, mais la Fesci est née à cause des problèmes de l’école »

 Pour sa part, l’ex-secrétaire général de la Fesci, Eugène Kouadio Djué, au nom de tous les anciens, a demandé aux responsables actuels et aux militants de s’interroger sur « 31 ans après, quelle Fesci pour maintenant ? ». Car pour lui, il faut désormais une Fesci responsable, une Fesci qui discute. « Il faut toujours discuter. Ne vous autocensurez pas », a-t-il insisté. Eugène Djué a également fait savoir qu’il faut une Fesci mature qui doit désormais donner une orientation à sa lutte. Selon lui, en 90, date de création de cette organisation syndicale, c’était le combat pour le droit à la différence, pour le droit à la liberté qui a abouti au pluralisme. « Aujourd’hui, cette liberté est confondue à l’anarchie », a-t-il décrié. Selon l’ex-secrétaire général, « la Fesci n’est pas le problème de l’Ecole ivoirienne. Mais la Fesci est née à cause des problèmes de l’Ecole », a-t-il affirmé. Pour lui, c’est un mouvement très démocratique qui, en 31 ans d’existence, a vu la succession de 11 secrétaires généraux. Il a salué certains anciens secrétaires généraux et membres fondateurs présents en exhortant Allah Saint-Clair et son équipe à travailler bien et fort pour que la Fesci continue de rayonner dans le milieu syndical estudiantin et scolaire ivoirien.

Dr. Komenan, Dircab adjoint, représentant le ministre Kouadio Konan Bertin (Président de la Cérémonie)

« Vous avez un creuset qui s’appelle Fesci, c’est à vous de lui donner l’âme qu’il faut… »

Dr Komenan, porte-parole du ministre de la réconciliation et de la cohésion nationale, Kouadio Konan Bertin (KKB),  empêché, pour raison de séminaire gouvernemental, a fait savoir que la Fesci en invitant son ex-opposant, intègre le processus de la réconciliation. « Parce que ce n’est pas évident de tendre la main à quelqu’un qui a fatigué un mouvement. Mais vous magnifiez la réconciliation et c’est cet acte qu’il voudrait saluer. Donc, il voudrait vous dire félicitation, bravo et bienvenus à la table de bien vouloir intégrer le concept de réconciliation dans votre paradigme. Et c’est de ce fait que la Fesci continuera de grandir et va continuer d’inspirer confiance », a affirmé l’émissaire du ministre KKB. Il a, pour clore ses propos, fait une observation en ces termes : « Vous êtes jeunes. La vie se construit maintenant. Vous avez un creuset que vous avez appelé Fesci. C’est à vous de lui donner l’âme qu’il faut pour que ceux qui viendront après vous puissent continuer cette belle aventure pour l’émancipation de la jeunesse ivoirienne ». Il a, par ailleurs, indiqué que le ministre de la Réconciliation et de la cohésion sociale a, pour soutenir la Fesci dans cette célébration, offert une enveloppe de 1 million (1 000 000) FCFA. A l’entame de ses propos, Dr. Komenan a fait savoir que le ministre KKB avait souhaité faire un témoignage à l’assistance. « Pour ceux qui ne le savent pas, Kouadio Konan Bertin fut un opposant à la Fesci (…) Il a créé sur le campus universitaire, le mouvement qu’on a appelé la CERAC pour dire qu’il n’y a pas seulement que la Fesci. Donc, il revendique, lui aussi, avoir été à la tête d’une génération qui a bien voulu qu’il ait cette pluralité d’opinions sur le campus universitaire », avait rappelé l’émissaire du ministre de la Réconciliation et de la cohésion nationale.

Bruno Yaméogo (Cesam)

« La jeunesse africaine ne doit pas être une alternative, ni une alternance pour les hommes politiques »

Parlant au nom des mouvements syndicaux africains invités à ce 31ème anniversaire de la Fesci, Bruno Yaméogo du Burkina Faso a indiqué qu’en 31 ans, la Fesci a beaucoup fait pour la Côte d’Ivoire. Il a par ailleurs affirmé être heureux que la Fesci magnifie les femmes. Pour lui, l’Afrique n’a pas beaucoup magnifié les femmes qui, pourtant, participent aux luttes.  Bruno Yaméogo a fait comprendre que la jeunesse africaine ne doit pas être une alternance, ni une alternative pour les hommes politiques. « A 61 ans, il y a des femmes pilotes, ministres… Il faut continuer de magnifier la femme qui a participé au combat », a-t-il déclaré.

Allah Saint-Clair dit ‘‘Général Makélé’’ (Secrétaire général de la Fesci) :

«…On est à la recherche de la dignité de notre organisation » 

C’est très ovationné que l’actuel Secrétaire général de la Fesci a pris en dernier la parole. Il a d’abord remercié les partenaires, les anciens qui ont fait le déplacement pour faire le constat de savoir si la Fesci va bien ou si la Fesci se meurt.  Pour ‘‘Général Makélé’’, ses camarades lui ont confié la Fesci pour qu’elle puisse rester debout. « Mais on a fini l’étape de debout. On est à la recherche de la dignité de notre organisation », a-t-il rassuré. Pour lui, la Fesci n’a pas d’acte de violence. « On n’a pas besoin de quand il n’y a pas de bus, on casse la Présidence de l’université. Nous organisations estudiantines, nous tous, on se comporte mal. Notamment sur la bourse de nos camarades. Pour emprunter le bus, quand il y a rang, c’est là qu’on doit gagner de l’argent. A la scolarité, quand il y a rang, c’est là qu’on veut gagner de l’argent. Heureusement qu’il y a un partenaire crédible, le Trésor public qui nous a compris (…) », a-t-il avancé. Pour Allah Saint-Clair, il faut s’adapter aux exigences du moment. C’est pourquoi, étant à l’heure de la révolution numérique, il faut s’adapter. Car cela permet d’éviter les rackets sur les camarades boursiers dont accuse la Fesci etc.

Pour Allah Saint-Clair, la Fesci doit plutôt abandonner ces faux combats de racket pour se tourner vers les luttes comme les discussions pour l’augmentation du portefeuille financier alloué à la bourse des étudiants. « Pourquoi, on ne peut pas faire ça ? », s’est-il interrogé. Avant de faire cette précision : « Dieu merci, 65% des membres de notre organisation sont dans cette démarche avec moi. Mon objectif, comme aucune œuvre humaine n’est parfaite, c’est d’atteindre le pourcentage le plus élevé. Et je veux compter sur vous, vaillantes camarades. Parce qu’il est dit quelque part que ce que « femme veut, Dieu le veut », a-t-il dit. Pour ‘‘Général Makélé’’,  qui répondait à son aîné Eugène Djué, il a fait savoir que la Fesci, en terme de discussion, cherchait un interlocuteur car, elle n’a jamais été contre un régime. « Avec tous ces colloques, ces séminaires  que nous avons fait, nous avons les résultats. On cherchait maintenant un interlocuteur pour donner. Si madame la ministre n’a pas de problème avec les organisations, elle vient de le démontrer, nous allons leur donner ce qu’on a travaillé en laboratoire qui est notre apport, notre contribution pour que les fléaux tels que la drogue, la fraude, les notes « sexuellement » transmissibles, les congés anticipés, puissent trouver un frein, pour que ce frein puisse aider la Fesci, les élèves et étudiants de Côte d’Ivoire et les autres organisations. Parce que la bonne démarche, c’est ça », a-t-il fait savoir.

Prof. Tidou Abiba Sanogo (Conférencière) :

Pour la suite, la présidente de l’Université Jean Lorougnon Guédé de Daloa s’est prononcée sur le thème général qui est : « Contribution de la Jeune Syndicaliste dans la mise en place d’un leadership nouveau, modèle incontournable de gouvernance ». Professeur Tidou Abiba Sanogo épouse Koné s’est appesantie dans son exposé sur trois points. A savoir d’une part, « Le leadership féminin, en général » ; d’autre part sur « Le leadership chez l’apprenant en milieu scolaire et universitaire, en particulier » ; et enfin sur « Comment améliorer ce partenariat gagnant-gagnant dans notre système éducatif ». En somme, a-t-elle déclaré : « Je vous invite donc à disposer votre cœur pour mieux saisir le changement afin d’être des acteurs nouveaux pour la gouvernance de vos structures. C’est seulement à cette condition que la jeune syndicaliste pourra être un partenaire crédible pour le système éducatif ivoirien et pour le pays. Vous êtes la relève de demain. Apprenez à conserver ce qui a été construit par vos devanciers si vous ne pouvez pas l’améliorer. Mon rêve est que vous soyez des transformateurs de l’Economie ivoirienne ».

Selon le président du comité d’organisation, il était prévu au programme, un tournoi des filles, un panel panafricain avec les autres responsables des organisations qui ont fait le déplacement sur l’applicabilité du système Lmd en Afrique et samedi un concert géant avec Yodé et Siro avec d’autres articles Zouglou.

Benoît Kadjo